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Comment mesurer la saturation pulsée en oxygène : méthode, précautions et interprétation

29 juillet 2025 par
Comment mesurer la saturation pulsée en oxygène : méthode, précautions et interprétation
LABODAL, Labodal - Administratif


Actions à réaliser


  • Utiliser un oxymètre de pouls uniquement en complément du bilan ventilatoire, jamais en substitution aux gestes d’urgence.
  • Placer le capteur sur une peau propre, non vernie, et adaptée à la morphologie de la victime.
  • Relever la SpO₂ et la fréquence du pouls sur l’écran, en veillant à la cohérence avec l’état clinique.
  • Identifier les facteurs de perturbation (tremblements, intoxications, vernis) susceptibles de fausser les résultats.
  • Évaluer l’affichage final : l’absence d’erreur et une valeur entre 94 % et 100 % sont des critères de fiabilité.

Pourquoi mesurer la saturation pulsée en oxygène ?

 

Un outil simple pour évaluer la fonction respiratoire


L’oxymètre de pouls est un appareil électronique non invasif qui mesure le taux de saturation en oxygène (O₂) dans le sang artériel, via la circulation capillaire. Cette mesure, appelée SpO₂, reflète indirectement l’efficacité du transport de l’oxygène des alvéoles pulmonaires jusqu’aux cellules. Elle permet de compléter rapidement le bilan ventilatoire, sans retarder la prise en charge d’urgence.


Une aide au repérage de situations graves


La mesure de la saturation pulsée est particulièrement utile dans les situations où la fonction respiratoire peut être altérée. Le PSE précise que la SpO₂ doit être utilisée notamment en cas de :

  • détresse vitale (hors arrêt cardiorespiratoire),
  • gêne ou plainte respiratoire,
  • malaise ou aggravation d’une pathologie,
  • traumatisme grave ou violent, en particulier thoracique.

Ces contextes nécessitent une évaluation immédiate et continue de l’oxygénation afin d’ajuster les gestes de secours, sans jamais les retarder.


Une valeur d’orientation, pas une décision en soi


L’interprétation de la SpO₂ doit toujours être replacée dans un contexte clinique global. La valeur chiffrée ne se suffit pas à elle seule pour décider d’une conduite à tenir. C’est un outil d’aide au raisonnement, utile pour :

  • estimer l’efficacité respiratoire,
  • suivre l’évolution de l’état de la victime,
  • justifier l’administration d’oxygène si nécessaire.

La mesure de la SpO₂ n’a de sens que si elle est réalisée correctement et en corrélation avec l’observation directe de la victime.

Comment réaliser une mesure fiable avec un oxymètre de pouls


 

Vérifier le matériel adapté à la situation


Un oxymètre de pouls se compose de deux éléments essentiels :

  • une unité de mesure avec écran de lecture, alimentée par des batteries, souvent intégrée à un dispositif multiparamétrique ;
  • un capteur, à positionner sur une zone périphérique : doigt, lobe de l’oreille, front ou nez.

Des capteurs spécifiques existent en fonction de l’âge de la victime : adulte, enfant, nourrisson, nouveau-né. Le choix du bon capteur conditionne la qualité de la mesure.


Préparer la zone de mesure


Avant de poser le capteur, certaines précautions simples permettent d’éviter les erreurs :

  • choisir une peau propre, non vernie et sèche ;
  • éviter les extrémités froides, les zones en vasoconstriction ou en tremblement.

Un ongle sale ou verni, une mauvaise adhérence ou un positionnement approximatif peuvent fausser les résultats.


Effectuer la mesure dans l’ordre recommandé


Trois étapes sont à respecter pour garantir la fiabilité :

  1. Placer le capteur correctement sur le site choisi ;
  2. Allumer l’appareil et suivre les instructions du fabricant ;
  3. Lire les valeurs affichées sur l’écran (généralement SpO₂ et fréquence du pouls).

Ces actions doivent être intégrées dans la démarche de bilan ventilatoire global, sans jamais retarder les gestes de secours.


Interpréter les deux données affichées


L’oxymètre indique en général deux paramètres :

  • la saturation pulsée en oxygène (SpO₂), attendue entre 94 % et 100 % chez une personne en état normal ;
  • la fréquence du pouls, qui donne une tendance mais peut être comparée à une prise manuelle.

Toute valeur en dehors de ces repères nécessite une analyse croisée avec les signes cliniques observés.


Quels sont les facteurs qui peuvent fausser la mesure ?


 

Limitations liées à l’état de la victime


Certains états physiopathologiques perturbent la détection correcte du signal par le capteur. Cela peut se produire notamment si la victime présente :

  • des mouvements involontaires (agitation, tremblements),
  • un refroidissement des extrémités,
  • une détresse circulatoire ou un état de choc,
  • certaines maladies vasculaires chroniques.

Dans ces cas, l’oxymètre peut soit ne pas détecter de signal, soit afficher une valeur faussement rassurante.


Perturbations liées à l’environnement ou au contexte


Les intoxications par fumées ou au monoxyde de carbone (CO) représentent un biais majeur. L’oxymètre ne fait pas la différence entre l’hémoglobine oxygénée (HbO₂) et la carboxyhémoglobine (HbCO). Il peut ainsi afficher une SpO₂ normale alors que la victime est en hypoxie sévère. Cela fausse l’évaluation du bilan ventilatoire et peut retarder une prise en charge adéquate.


Erreurs dues à une mauvaise préparation du site de mesure


Des erreurs techniques simples peuvent compromettre la fiabilité de la mesure, par exemple :

  • un vernis à ongles opaque ou coloré ;
  • un doigt sale ou mal positionné dans le capteur ;
  • un capteur mal fixé ou mal adapté à l’anatomie de la victime.

Ces situations empêchent une bonne lecture des pulsations capillaires et génèrent des artefacts de mesure.


Fréquence du pouls : un indicateur à interpréter avec précaution


L’oxymètre affiche aussi une valeur de fréquence cardiaque, mais celle-ci peut être inexacte dans certains contextes :

  • signal irrégulier ou perturbé,
  • capteur mal positionné,
  • mauvaise perfusion périphérique.

Il est donc recommandé de ne pas se fier uniquement à cette donnée, et de la confronter à une prise manuelle du pouls si nécessaire.


Comment évaluer et exploiter le résultat de la mesure ?


 

Vérifier l’affichage et l’absence d’erreur technique


Une mesure fiable suppose que :

  • la valeur de SpO₂ soit bien affichée ;
  • aucun message d’erreur ne soit signalé par l’appareil ;
  • les conditions de mesure soient réunies (capteur stable, victime au repos, doigt propre).

Sans ces conditions, le résultat peut être trompeur, voire inutilisable.


Interpréter la SpO₂ en fonction du contexte clinique


La valeur normale de la SpO₂ est située entre 94 % et 100 %. Une saturation :

  • inférieure à 94 % peut indiquer une hypoxémie,
  • supérieure à 94 % mais incohérente avec l’état de la victime peut être faussement rassurante, notamment en cas d’intoxication (CO).

Il faut donc croiser la lecture de la SpO₂ avec les signes visibles : fréquence respiratoire, cyanose, conscience, etc.


Ajuster les gestes de secours en fonction du résultat


L’objectif principal de la mesure est de guider l’administration d’oxygène et d’adapter la surveillance ventilatoire. Une SpO₂ anormale ou en baisse rapide doit :

  • alerter sur une détresse ventilatoire imminente,
  • motiver une administration rapide d’oxygène si autorisée,
  • renforcer la surveillance clinique dans l’attente des secours.

Le chiffre seul ne commande pas une action, mais conforte ou oriente les gestes de prise en charge.


Conclusion


La mesure de la saturation pulsée en oxygène est aujourd’hui un outil incontournable dans l’évaluation respiratoire d’urgence. En complément du bilan clinique, elle permet d’objectiver une hypoxémie silencieuse et de sécuriser la prise en charge de la victime. Mais pour garantir la fiabilité des résultats, encore faut-il disposer d’un matériel adapté, précis et conforme aux exigences de terrain. C’est pourquoi il est essentiel de s’équiper d’un oxymètre de pouls fiable, ergonomique et compatible avec une utilisation en conditions d’urgence. Bien utilisé, cet appareil devient un véritable allié du secouriste face aux détresses respiratoires.


Entre 94 % et 100 % chez une personne en bonne santé. Une SpO₂ < 94 % peut indiquer une hypoxémie nécessitant une intervention.

Oui, si la mesure est réalisée correctement et sans perturbation. Sinon, il faut croiser avec l’observation clinique ou répéter la mesure.

Non, notamment en cas d’intoxication au monoxyde de carbone : la SpO₂ peut apparaître normale alors que l’oxygénation réelle est altérée.