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Détresse respiratoire : 3 signes à repérer dès le bilan primaire

1 août 2025 par
Détresse respiratoire : 3 signes à repérer dès le bilan primaire
LABODAL, Labodal - Administratif

Actions à réaliser


  • Rechercher la ventilation dès le 2ᵉ regard, en approchant l’oreille et la joue de la victime.
  • Observer la respiration : fréquence, régularité, amplitude, et signes visibles de détresse.
  • Mesurer la saturation en oxygène à l’aide d’un oxymètre de pouls si disponible.
  • Surveiller l’évolution respiratoire jusqu’à la prise en charge.

1. Rechercher, apprécier et mesurer la respiration


 

Rechercher la ventilation : présence ou absence


La toute première étape consiste à déterminer si la victime respire. Cette recherche se fait dès le 2ᵉ regard, en approchant l’oreille et la joue au-dessus de la bouche et du nez de la victime, tout en regardant le thorax. On vérifie ainsi la présence :

  • de bruits respiratoires audibles,
  • de flux d’air expiré sur la joue,
  • de mouvements thoraciques.

Ce contrôle ne doit pas excéder 10 secondes. Il permet d’identifier une absence totale de ventilation (suspecte d’un arrêt cardiaque) ou une respiration inefficace.


Apprécier la qualité de la respiration


Si la victime respire, il faut en apprécier la qualité. Plusieurs critères sont pris en compte :

  • Fréquence : trop rapide (tachypnée) ou trop lente (bradypnée),
  • Régularité : respiration saccadée, pauses, irrégularités,
  • Ampleur : respiration superficielle ou très profonde,
  • Parole : victime capable ou non de parler normalement.

La présence de bruits anormaux, de cyanose, ou d’un tirage (mouvement anormal des muscles respiratoires) sont des signes d’alerte.


Mesurer la fréquence ventilatoire


Quand la respiration est présente, il est important de la quantifier. On mesure la fréquence ventilatoire sur une minute à l’aide d’un chronomètre. La valeur attendue varie selon l’âge :

  • Adulte : 12 à 20 mouvements/minute,
  • Enfant : 20 à 30/min,
  • Nourrisson : 30 à 40/min.

Une fréquence anormale, même isolée, peut être le signe d’une détresse respiratoire en constitution.

2. Identifier les signes de détresse respiratoire


 

Signes visibles à rechercher systématiquement


Plusieurs signes cliniques permettent de repérer une détresse respiratoire installée ou en évolution. L’observation directe de la victime permet de détecter :

  • une cyanose des lèvres, des ongles ou du visage (coloration bleutée liée à l’hypoxie),
  • une sueurs abondantes, traduisant une lutte respiratoire,
  • un tirage ou un battement des ailes du nez, surtout chez l’enfant,
  • une utilisation des muscles accessoires (épaules, cou, abdomen),
  • une altération de la conscience, signe d’hypoxie cérébrale.

Ces éléments doivent être interprétés dans leur ensemble et non de manière isolée.


Modification du comportement ou de la parole


Chez une victime consciente, certains signes fonctionnels peuvent alerter :

  • une difficulté à parler en continu, signe de gêne ventilatoire,
  • une agitation ou une confusion,
  • un silence inhabituel (notamment chez l’enfant), qui peut masquer une détresse grave.

L’incapacité à formuler des phrases complètes est un critère d’urgence respiratoire à prendre en compte immédiatement.


Fréquence respiratoire anormale ou instable


Une fréquence ventilatoire trop élevée (polypnée) ou trop basse (bradypnée) peut traduire :

  • une compensation d’un trouble métabolique,
  • une hypoxie menaçante,
  • ou, au contraire, une décompensation imminente.

Des variations brutales de la fréquence, ou une respiration anarchique, doivent alerter le secouriste et conduire à une surveillance continue.


3. Utiliser les outils de mesure complémentaires


Le chronomètre pour mesurer la fréquence ventilatoire


La fréquence ventilatoire est un indicateur clé de l’état respiratoire. Elle se mesure sur 1 minute complète à l’aide d’un chronomètre, d’un montre-bracelet ou de tout dispositif indiquant le temps écoulé.

On compte les mouvements respiratoires visibles, généralement les élévations du thorax, en notant leur régularité et leur amplitude. Cette mesure permet d’objectiver une hyperventilation, une bradypnée, ou une irrégularité respiratoire, souvent signe d’aggravation.


L’oxymètre de pouls pour objectiver la saturation


Si disponible, l’oxymètre de pouls peut être utilisé pour mesurer la SpO₂ (saturation pulsée en oxygène). Il s’agit d’un indicateur complémentaire, utile pour :

  • confirmer une hypoxie en cas de doute clinique,
  • suivre l’évolution respiratoire d’une victime instable,
  • aider à la décision d’une oxygénothérapie si autorisée.

La SpO₂ attendue chez un adulte en état normal est comprise entre 94 % et 100 %. En dessous de 94 %, une hypoxémie est probable. Toutefois, le chiffre seul ne suffit pas : il doit être interprété en lien avec les signes cliniques observés.


4. Adapter la prise en charge en fonction des résultats


Quand alerter et transmettre les signes de gravité


Dès l’identification d’une anomalie respiratoire (fréquence anormale, cyanose, tirage, silence anormal…), il est impératif :

  • d’alerter immédiatement les secours médicalisés,
  • de transmettre précisément les signes observés (fréquence ventilatoire, saturation, description clinique),
  • de surveiller en continu l’évolution, car la dégradation peut être rapide.

La qualité de l’évaluation permet une meilleure anticipation de l’aggravation et une réponse plus rapide de la chaîne de secours.


Priorité à la ventilation avant toute mesure


Il est rappelé que les gestes de secours priment sur les mesures. En présence d’une détresse ventilatoire évidente :

  • il ne faut pas retarder la mise sous oxygène, si autorisée,
  • ni reporter un bilan médical ou une ventilation assistée au profit d’une mesure de SpO₂.

L’oxymètre ou le chronomètre ne doivent jamais faire perdre de temps lorsque l’urgence est manifeste.


Réévaluer régulièrement la fonction respiratoire


La surveillance respiratoire doit être poursuivie tant que la victime est instable ou jusqu’à la relève médicale. Cela implique :

  • un recomptage de la fréquence ventilatoire à intervalles réguliers,
  • une vérification de la saturation si l’appareil est disponible,
  • une observation continue de la parole, de la coloration, du comportement.

Cette réévaluation dynamique permet d’adapter en temps réel la prise en charge ou de détecter une détérioration secondaire.


5. Conclusion


La fonction respiratoire est l’un des piliers du bilan d’urgence. Savoir l’évaluer précocement permet de repérer une détresse vitale, d’adapter les gestes et de transmettre des données fiables aux secours médicalisés. Cette évaluation repose sur des méthodes simples, reproductibles et immédiates : observation, écoute, comptage et outils complémentaires.

Encore faut-il disposer de matériel fiable et opérationnel en toute circonstance. Un simple oxymètre de pouls bien utilisé peut faire la différence entre une prise en charge précoce et une aggravation silencieuse. S’équiper avec rigueur, c’est renforcer la qualité des premiers secours.


6. FAQ


Dès l’apparition de signes d’hypoxie (cyanose, essoufflement, altération de la conscience) ou de fréquence ventilatoire anormale.

Toujours se fier à l’observation clinique. La SpO₂ ne remplace jamais l’analyse des signes visibles.

Une minute complète, idéalement avec un chronomètre. Une mesure partielle peut fausser l’interprétation.